Rapport

Le Luxembourg aux commandes : expérience, détermination et abnégation

La présidence luxembourgeoise, pour le premier semestre 2005, représente une « fenêtre d’opportunité », tant la liste des thèmes à aborder est impressionnante. Elle est aussi l’un des meilleurs exemples pour démontrer la capacité des petits pays à assumer la présidence tournante de l’Union.

La question de la Présidence de l’Union a été l’une des plus débattues au cours des deux ans de préparation de la Constitution européenne, avec celle de la composition de la Commission et de la pondération des voix au sein du Conseil des ministres. Une des idées reçues que l’on entendait alors était que la présidence tournante devenait impraticable, les petits pays n’ayant pas les ressources nécessaires pour faire face aux obligations qui incombent au Président en exercice. On ne saurait rêver meilleur exemple que la présidence luxembourgeoise qui ouvrira l’année 2005 pour montrer ce que cette analyse peut avoir d’artificiel.

La liste des thèmes qui devront être abordés est en effet impressionnante : démarrage de la négociation sur les perspectives financières, débat sur la réforme du pacte de stabilité, examen de la stratégie de Lisbonne au cours du Conseil européen de printemps, sans parler d’une situation internationale des plus incertaines, notamment au Moyen-Orient. Ces questions pourront d’autant moins être éludées que le Premier ministre Jean-Claude Juncker vient d’être investi par les ministres des finances de la redoutable responsabilité de présider l’Eurogroupe. C’est dire que la t che qui l’attend est considérable. Et pourtant l’arrivée à la barre de l’équipe luxembourgeoise est vue avec espoir dans les milieux européens.

On considère même que cette présidence représente une « fenêtre d’opportunité » en matière budgétaire dans la mesure où elle pourra faire avancer un dossier sur lequel tant ses prédécesseurs que ses successeurs, pour des raisons différentes, sont trop engagés pour pouvoir jouer un rôle de médiateur. l’étude de Mario Hirsch nous donne les clefs pour comprendre ce paradoxe apparent. « La politique étrangère d’un pays est dictée par sa géographie », disait Napoléon. Petit pays, avec de puissants voisins, le Luxembourg a appris à ses dépens que les rapports de force pouvaient avoir des effets dévastateurs. Sa réussite économique est liée à son ouverture internationale. Participant dès le départ à l’aventure européenne, il bénéficie d’une connaissance intime des rouages de la mécanique communautaire. Cela a permis aux exercices antérieurs de laisser une trace dans l’histoire européenne de ces dernières années : C’est sous présidence luxembourgeoise qu’a été conclu l’Acte unique européen, clef de voûte de la relance des années 80, et qu’a été entamée la conférence intergouvernementale qui devait se conclure à Maastricht.

Cette longue expérience a le mérite de nous rappeler un précepte que les grands pays ont parfois tendance à perdre de vue : une présidence efficace est celle qui sait faire abstraction de ses intérêts immédiats au nom de l’intérêt général. Si l’on retenait ce critère pour définir les grands pays européens, le Luxembourg n’aurait rien d’un petit. C’est ce qui explique la confiance dont il jouit dans les milieux européens, et les espoirs dont il est investi.

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